Saint Bernard naquit au château de Fontaines, près de Dijon, en Bourgogne. Son père et sa mère appartenaient aux premières familles de la province et étaient encore plus distingués par leur piété. Doué de toutes les grâces extérieures du corps et des plus rares qualités de l'esprit, le jeune Bernard fit concevoir de lui les plus belles espérances. Mais le monde, avec ses plaisirs et ses honneurs, n'avait rien qui pût toucher son cœur ; il résolut de se consacrer entièrement à Dieu. Ses frères et ses amis firent tous leurs efforts pour le détourner de son dessein ; mais il s'y affermit encore davantage et parvint même à inspirer les mêmes sentiments à ceux de Cîteaux, où tous ses frères le suivirent, excepté le dernier, qui resta auprès de son père pour la consolation de sa vieillesse. Au moment de leur départ, l'aîné, voyant dans la rue son jeune frère qui jouait avec d'autres enfants : "Vous serez, lui dit-il, l'unique héritier de notre maison ; nous vous laissons tous nos biens. - Oui, répondit l'enfant, les biens du ciel sont pour vous, et ceux de la terre sont pour moi : le partage n'est pas égal." Il resta pour lors, mais dans la suite il vint se réunir à ses frères. Dès que saint Bernard fut entré à Cîteaux, on vit briller en lui les plus sublimes vertus : sa ferveur, son recueillement, ses mortifications édifièrent toute la communauté. Sa renommée attira un si grand nombre de religieux dans la maison de Cîteaux, qu'il fallut fonder plusieurs autres abbayes. Celle de Clairvaux, en Champagne, fut bâtie dans un désert qu'on nommait Vallée d'Absinthe. Saint Bernard en fut établi abbé, et sous un tel chef cette seconde maison de ne le céda à la première ni pour la ferveur, ni pour l'exactitude de la règle. On ne connaissait à Clairvaux que la prière et le travail des mains. Saint Bernard devenait de plus en plus célèbre par ses talents et ses vertus, qui furent bientôt récompensés du don des miracles. On lui amenait de fort loin des malades, des aveugles, des paralytiques, et il les guérissait en les touchant, ou en faisant sur eux le signe de la croix. Les conversions qu'il opérait n'étaient pas moins éclatantes. Plusieurs églises voulurent l'avoir pour pasteur ; on lui offrit l'archevêché de Milan, celui de Reims, l'évêché de Langres et celui de Châlons. Il refusa constamment toutes ces dignités, et le respect que les souverains pontifes avaient pour sa vertu les empêcha toujours de faire violence à sa modestie. L'humble solitaire ne cherchait qu'à s'ensevelir dans la retraite, qu'à instruit ses religieux, et à s'instruire lui-même des voies de Dieu ; mais le crédit que ses lumières et sa sainteté lui donnaient troubla souvent sa solitude. On avait recours à lui de toutes les provinces, et son zèle l'obligeait de prendre part à toutes les affaires de l'Eglise. Il était tout à la fois le refuge des malheureux, le défenseur des opprimés, le fléau des hérétiques, l'oracle des souverains pontifes, le conseil des évêques et des rois ; en un mot, l'homme de l'Eglise, toujours prêt à en soutenir les droits, à en défendre l'unité, à en combattre les ennemis. En 1145, saint Bernard, qui était regardé comme l'homme le plus éloquent de son siècle, fut chargé par le pape Eugène III de prêcher la seconde croisade, et il accomplit cette mission avec un succès prodigieux, non seulement en France mais encore en Allemagne. La multitude des seigneurs et des hommes de tout rang qui voulaient aller combattre dans la terre sainte fut si grande que saint Bernard déchira ses vêtements pour suffire à tous ceux qui demandaient la croix. Rentré dans son abbaye de Clairvaux, il se livra jusqu'à la fin de sa vie à l'étude des livres saint, et aux exercices de la plus rigoureuse pénitence. Vingt ans après sa mort, il fut canonisé par le pape Alexandre III. Son éloquence et ses écrits lui ont mérité l'honneur d'être appelé le dernier des pères de l'Eglise |