Ce que saint Antoine avait fit en Égypte, saint Hilarion, son disciple, le fit dans la Palestine et dans la Syrie. Il fut le premier qui y établit des monastères et forma des solitaires. Du bourg de Tabathe, lieu de sa naissance, ses parents l'avaient envoyé étudier à Alexandrie. Outre les sciences humaines, Hilarion y avait appris la science inestimable du salut. Mais afin de s'y perfectionner de plus en plus, il alla trouver saint Antoine, demeura quelque temps auprès de lui, et, après avoir reçu les leçons d'un si excellent maître, il revint dans sa patrie avec quelques moines pour y pratiquer le même genre de vie. Ses parents étant morts, il distribua tout son bien aux pauvres et se retira avec ses compagnons dans le désert qui, commençant à Gaza, s'étendait jusqu'aux rivages de la mer. Saint Hilarion, à l'exemple de saint Antoine, n'avait pour lit qu'une simple natte de joncs, et pour vêtements qu'un sac et une tunique de peau. Sa nourriture de chaque jour se composait de six onces de pain d'orge et de quelques herbes cuites. Une vie si austère ne l'empêcha pas de parvenir à l'âge de quatre-vingts ans. Son occupation était de labourer la terre et de faire des corbeilles de joncs ; en travaillant, il priait ou méditait les saintes Écritures qu'il avait apprises par cœur. La sainteté de sa vie attira auprès de lui une si grande multitude de disciples, que la Palestine fut bientôt remplie de monastères. Saint Hilarion visitait souvent les solitaires qui étaient issus sa conduite, et en quelque endroit qu'il allât, on lui suivait partout comme un homme de Dieu, qui avait le pouvoir de guérir les malades, de chasser les démons et d'obtenir, par ses prières, la conversion des âmes. Il mourut dans l'île de Chypre où il s'était retiré dans les dernières années de sa vie |